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ENTRETIEN. Le cinéaste réalise un film qui rend « hommage aux carriers » de la vallée de Guerlédan

par Aurélie DUPUY.
Publié le 06/10/2022 à 10h15

Jean-Luc Chevé, réalisateur local, a tourné Les gueules bleues de Guerlédan. Ce film documentaire retrace la vie des ardoisiers au travers d’images de la vallée et d’ultimes témoignages de descendants. Le cinéaste le présentera au cinéma Rex de Pontivy (Morbihan) ce jeudi 6 octobre 2022.

Jean-Luc Chevé en plein tournage
Jean-Luc Chevé, réalisateur du documentaire « Les Gueules bleues de Guerlédan », a filmé l’assec du lac, en 2015. | ARCHIVES OUEST-FRANCE

À la faveur des assecs du lac de Guerlédan en 1985 puis en 2015, Jean-Luc Chevé, réalisateur, a filmé ce que pouvait encore révéler la vallée de Guerlédan, où ont travaillé de nombreux ardoisiers. Il a recueilli les ultimes traces d’une carrière éteinte en 1930 et recouverte par les eaux du barrage de Guerlédan.

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Grâce à ses tournages et aux témoignages de descendants de travailleurs, il a produit le film Les gueules bleues de Guerlédan. Une sorte de mémoire vive d’une époque ensevelie. Le cinéaste, dont le film sera projeté jeudi 6 octobre 2022 au cinéma Rex de Pontivy (Morbihan), raconte le long processus de création.

Comment vous êtes-vous intéressé à l’histoire de la vallée de Guerlédan ? Y avez-vous un attachement géographique ?

La maison familiale était à 12 km de Guerlédan. La première fois que je suis allé au lac, je devais avoir 8 ou 10 ans. Une amie randonneuse m’a ensuite fait vraiment découvrir le pourtour du lac et m’a montré la fameuse carrière. Mais c’est une photo, celle de l’assec de 1975, qui m’a donné envie de réaliser un film.

Vous avez principalement tourné en 2015 et le montage s’est terminé six ans et demi plus tard, en février 2022. Pourquoi une telle durée ?

Parce que j’ai tourné deux films en même temps. Celui-ci sur l’hommage aux carriers de Guerlédan. Et un autre qui s’appellera Sous les eaux claires de Guerlédan et qui traite de la valeur de l’eau. Il devrait sortir d’ici 12 à 18 mois.

L’association Cinélia qui vous a épaulé a aussi aidé financièrement le projet à aboutir grâce à la vente… de cartes postales. Quel est ce processus étonnant ?

C’est un film à petit budget et l’association a financé une grande partie du film. Elle vendait notamment des cartes postales des assecs. On a pu en vendre jusqu’à 900 en deux jours. Même à 50 centimes l’unité, en vendre plus de 40 000 a bien aidé. En décomptant les travaux d’imprimerie et les droits d’auteur, il nous restait 22 500 € environ. Ça nous a permis de régler les deux tiers de notre tournage. Bien sûr, il y a eu beaucoup de bénévolat dans l’affaire.

Cette vente de cartes postales a aussi été bénéfique, dans le sens où elle vous a permis de rencontrer des descendants des ardoisiers ?

Oui, lors de la vente des cartes postales, des témoins, des descendants se sont fait connaître spontanément, comme Simone, qui porte le film. Elle était fille de forgeron carrier et avait une mémoire phénoménale. À la fermeture de la carrière, elle avait 7 ans. Quand je l’ai interrogée, elle en avait 91 et se souvenait de tout, jusqu’à l’odeur des gens. Elle est décédée sept mois après avoir été filmée. J’aurais eu des regrets si je n’avais pas fait ce film.

Qu’avez-vous appris ?

En fait, Les gueules bleues de Guerlédan, c’est la vie sociale des carriers, leurs difficultés dans la vie. J’ai laissé les gens causer. Deux femmes m’ont dit que le film leur avait permis de se réconcilier avec leurs aïeux. C’est le plus cadeau que j’ai reçu.

Jeudi 6 octobre 2022, à 17 h 30 et à 20 h 15, diffusion en séances exceptionnelles du film documentaire Les gueules bleues de Guerlédan, en présence du réalisateur au cinéma Rex de Pontivy. Durée du film : 90 minutes. Tarif : 5 €.