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« Les Gueules Bleues de Guerlédan » : un bijou documentaire

Par Yann Scavarda
Publié le 2 Mai 22 à 7:15 

Un film fait redécouvrir l’assec de 2015 et l’histoire des ardoisiers de la vallée de Guerlédan avant qu’elle ne se change en lac. A voir en mai !

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Au-delà des images – magnifiques – de l’assec de 2015, ce documentaire rassemble les souvenirs qu’il a réveillé chez tant d’habitants de la vallée. ©DR

En 1985, lors de l’avant-dernier assec du barrage de GuerlédanJean-Luc Chevé avait déjà réalisé un film de 26 mn en 16 mm : Chim et Chinao vagabonds, « Une fiction aux allures de documentaire ».

Il pensait alors qu’il n’aurait plus jamais l’occasion de filmer cette vallée telle qu’elle était avant la construction du barrage. Et pourtant…

Ce nouvel assec, 30 ans après celui de 1985, Jean-Luc Chevé n'espérait pas être là pour le voir.
Ce nouvel assec, 30 ans après celui de 1985, Jean-Luc Chevé n’espérait pas être là pour le voir. ©DR

Lorsqu’un nouvel assec est annoncé pour l’année 2015, il saute sur l’aubaine inespérée de poursuivre ses recherches. Si bien que, six ans après l’événement, le réalisateur breton (Au Nicaragua, on m’appelle Chépito ; Mémoire d’un ouragan) est en mesure de nous en livrer aujourd’hui le fruit. Et franchement, « Les Gueules Bleues de Guerlédan« , ce doc de 90 minutes, est une belle réussite.

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Chaque plan ou presque ressemble à un tableau. ©DR

Il ne se contente pas de célébrer par l’image des paysages envoûtants. Encore que, qui n’aurait pas vu le film passerait à côté d’un collier de perles visuelles. Chaque plan, ou presque, est un tableau. Mais sa grande force, c’est de faire coïncider l’abaissement progressif des eaux du lac de Guerlédan avec la résurgence d’une histoire plusieurs fois millénaire.

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Les outils de l’ardoisier, à peine moins rudimentaires que ceux du néolithique… ©DR

L’ouvrier du néolithique se met à côtoyer ses derniers descendants, au travail sur le barrage électrique avec leurs outils du XXIe siècle.

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Les ouvriers du XXIe siècle consolident le barrage édifié 85 années auparavant. ©DR

Il y a un entre-deux. C’est justement l’histoire de ces Gueules bleues, dont les carrières et les maisons ont été englouties lors de la mise en eau du barrage, en 1930, mais pas le souvenir. Trop vif, trop riche, trop prégnant.

Armand Le Foestier, de Loudéac, grimpe l'escalier menant à une carrière engloutie en temps normal.
Armand Le Foestier, de Loudéac, grimpe l’escalier menant à une carrière engloutie en temps normal. ©DR

Jean-Luc Chevé a retrouvé pas moins de 24 témoins, descendants de carriers. Ces « gueules bleues » qui sont à l’ardoise ce que les gueules noires sont au charbon. C’étaient ces ouvriers tout pâles qui s’enfonçaient dans les flancs de la vallée et en ressortaient couverts de poussière d’ardoise ; cette pierre si convoitée.Vidéos : en ce moment sur Actu

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Une équipe de carriers à Tréganton, probablement dans les années 1920. ©DR

Un dur métier, en vérité. Il provoquait notamment la schistose, qui était à l’ardoisier ce que la silicose était au mineur de fond. A cette époque à Guerlédan, mourir à 40 ans, c’était mourir vieux

Le film « Les Gueules bleues de Guerlédan » sera projeté : – Samedi 7 mai à 20h 30 et dimanche 8 mai à 17 h à Guerlédan (Mûr-de-Bretagne) à l’ex-cinéma Jeanne-d’Arc ; – Samedi 14 mai à 18h à Loudéac au Quai des Images ; – Dimanche 15 mai à 17h30 à Plouguenast au cinéma Le Cithéa dans le cadre du festival « Terre et films d’ici et d’ailleurs »). – Mardi 17 mai à 15h et vendredi 20 mai à 15h à Loudéac (Quai des Images) ; – Jeudi 20 juin à 20 h à Gourin (Morbihan) au CinéGourin.

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